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A l’heure de l’émergence de la Métropole du Grand Paris, le thème de la ville intelligente ne constitue pas un enjeu de premier plan pour la future institution. Et pourtant, les grands opérateurs privés d’une part, et les habitants d’autre part, se sont largement emparés de cette question et déploient des projets en ce sens. Du côté des grands groupes privés, il s’agit de projets orientés vers une meilleure intégration des systèmes urbains en matière de flux notamment : eau, énergie, déchets, transport. Du côté de l’habitant, de l’usager, celui-ci est en train de changer de statut. De consommateur, il devient producteur et participe à l’uberisation de l’économie, pour des motivations de gains de temps, d’argent, d’efficacité, en matière de partage des espaces de travail, de moyens de transport, ou de production d’énergie. Et surtout, il devient volontairement ou à son insu producteur de données. Le pétrole de demain.
Logique de big data, portée par les grands opérateurs publics et privés d’un côté ; logique du citoyen contributeur de l’autre, et entre les deux, les élus de la Métropole, pris en sandwich, potentiellement futurs spectateurs de la fabrique de la ville de demain. Et pourtant, les élus peuvent jouer un rôle essentiel entre les habitants producteurs et les grandes organisations publiques et privées. Un rôle de garant de l’intérêt général. En tirant parti des opportunités des partenariats avec les opérateurs privés et de la révolution numérique. Tout en garantissant que la ville intelligente reste une ville inclusive. Inclusive car le modèle économique de la ville intelligente passe a priori d’une logique de financement par le contribuable à un mode de rétribution par l’usager. Et pourtant, en matière de modèle économique de la ville intelligente, rien n’est encore écrit, tout reste à inventer. Et aujourd’hui il est encore prématuré de savoir si ce sera le contribuable, les groupes privés ou l’usager qui la financera. La Métropole sera obligée de se saisir de cette question cruciale pour le développement de la ville intelligente.
La ville intelligente à l’heure du Grand Paris, ce n’est pas qu’une question de gouvernance et de modèle économique. C’est aussi une question de vision, d’objectifs stratégiques travaillés et partagés par l’ensemble des acteurs publics et privés, confrontés aux habitants par des modes de concertation renouvelés, dont les élus de la Métropole doivent s’emparer. On le voit bien, quelque chose est en train de se jouer, entre la prégnance des enjeux environnementaux, la montée en puissance des habitants sous l’effet de la nécessité, l’évolution du rôle des élus, et les grandes évolutions sociétales structurantes concernant les nouveaux modes de production, de mobilité, d’habiter, de consommer, etc. L’élaboration d’une vision commune en matière de ville intelligente, entre ceux qui la pensent et ceux qui la produisent, aurait un effet d’entrainement important dans la mesure où chaque catégorie d’acteur et chaque échelon dans les organisations la partagerait et la déclinerait en autant de projets. Et c’est d’autant plus vrai pour les projets de ville intelligente dans les territoires péri-urbains. Mais de quels projets parle-t-on exactement ? Si la dimension technologique est importante, elle ne constitue pas l’alpha et l’omega des projets. Elle pose en premier lieu la question des intentions politiques, on y revient, des objectifs recherchés, des publics associés et de la méthode. La ville intelligente à l’heure des territoires péri-urbains pose ensuite la question des modèles de péréquation pour permettre à tous les territoires, plus ou moins denses, de développer des projets en phase avec leurs besoins. Elle pose enfin la question de la rentabilité des investissements dans un cadre nécessairement public/privé.